Ceci est un voyage dans un paysage urbain infini. Une série de signaux mettant en scène les fragments d'un monde parallèle, une impression de périphérie. Une série de scènes, d'informations, comme les radiations émises par les substances radioactives mesurées par un compteur Geiger. Une information qui s'illumine une fois, puis disparaît.
Un cinéma à l'envers, fait de scènes réalisées à partir d'un protocole de temps. Une expérience de lecture que chacun peut apprécier en tournant les pages d'un magazine, en traînant ou en conduisant au sein d'une grande ville.
Chaque scène se réfère à des évènements récents, des faits ou des situations stochastiques. Ces scènes sont comme des fantômes ... elles resurgissent sous des formes différentes. Ce n'est pas qu'elles ne peuvent pas survivre à leur représentation; c'est plutôt qu'elles ne veulent pas s'en aller. Elles souffrent d'un manque de finalité. Elles n'ont pas accompli leur tâche, elles laissent quelque chose incomplet. Doivent-elles être traitées, détruites ou bien incarnées?
Avant je pensais que l'odeur de l'herbe fraîchement coupée était un parfum saisonnier. L'automne était la saison pendant laquelle les arbres perdaient leurs feuilles; puis venait l'hiver avec les cadeaux de Noël et parfois de la neige. La saison de l'herbe coupée fonctionnait simplement sur un cycle plus court, plus fréquent que les autres.
L'histoire est faite de nuées d'images, d'images racontées, inventées, entendues, et interprétées. Une personne n'existe pas en tant que sujet, c'est un ensemble de milliards de petites histoires futiles qui tantôt s'agglutinent au point de devenir des narrations grandioses, et tantôt se dissipent en éléments disparates, mais qui généralement restent relativement proches les unes des autres jusqu'à former ce que nous appelons la culture d'une société.
Les lucioles ont commencé à disparaître d'Europe dans les années 50. Nous pouvons associer cette disparition avec celles d'un grand nombre d'idéologies. Lorsque les gens cessèrent de croire en la même chose, les lucioles disparurent. Juste comme les créatures de Fantasia, le néant les avala.
Pourquoi pensai-je que la mélancolie était en fin de compte un sentiment adéquat? Je veux dire adéquat dans le sens où certains outils sont plus appropriés que d'autres quand il s'agit de trouver une solution à un problème. Le Film Noir semble ici approprié. Vous savez le film noir typique qui s'ouvre sur une longue scène, sans dialogue, où le méchant joué par Alain Delon est étendu sur un lit, fumant une cigarette éternelle. Le personnage développe une relation unique avec le temps et l'histoire, mais c'est un autre sujet. Le mélancolique est un individu particulier qui a un objet à désirer mais qui a perdu le désir en lui-même. C'est-à-dire, il a perdu ce qui lui faisait désirer l'objet même: l'objet "objet de désir", qui n'est en fin de compte jamais l'objet désiré lui-même.
Ayant grandi à Grenoble dans les années 70, rien ne me prédestinait vraiment à devenir un artiste plasticien. La chose la plus « cool » à faire était de réaliser des films ou de travailler pour n'importe quelle ONG . Issu de la classe ouvrière, j'étais chanceux d'avoir de hippies, radicaux, gauchistes, maoistes, trotskistes professeurs avec qui j'adorais passer du temps, jusqu'à ce qu'ils ne deviennent moralisateurs et ne se mettent à me pointer du doigt.
Tester les limites de systèmes établis exerce sur nous une fascination trouble, quand bien même nous savons que le point de rupture n'est pas loin. Pensez aux électeurs testant l'élasticité de la démocratie d'état.
Nous devrions appeler l'Autre "Mordor" comme dans Le Seigneur des Anneaux. L'Autre est celui qui sait ce que nous savons, ce qui est un problème dialectique plutôt délicat à résoudre.
L'Autre est celui qui a un chouette loft sur l'Etoite de la Mort dans Starwars .
Non, l'Autre idéalisé est un être idéal qui danse sur des rythmes fascinants et qui a une approche ésotérique et écologique de la réalité, à la manière de l'écotourisme, et à l'écart de toute réalités sociales comme, par exemple, les violences conjugales.
De tous temps, les gens ont été soucieux de trouver leur place au sein d'un espace physique, politique ou social. Par exemple, tous les tableaux de Velàzquez mettent en jeu des problèmes spatiaux. Mais nos problèmes actuels sont différents. Ils remontent à 1972, l'année de la disparition des tout derniers groupes d'architectes avant-gardistes et de la prise de contrôle de Hollywood par Spielberg, Lukas, Scorsese et Coppola. Tout a basculé le 15 juillet 1972 à 15 h 32, heure de la démolition à l'explosif de l'ensemble d'habitation Pruitt-Igo construit à Saint Louis, dans l'Etat du Missouri au Etats Unis. Ce gigantesque ensemble de tours avait été un exemple, en son temps primé, du style international, cette architecture aux volumes rectangulaires et lignes épurées, que certains architectes qualifiaient de " machine à vivre ".
En 1972, ce fut considéré comme un échec. Les gens en étaient venus à détester cette cité déclarée inhabitable. La même année, Robert Venturi expliqua que les gens étaient plus attirés par Disneyland ou par Las Vegas que par les boîtes en verre des appartements modernes.
Il est difficile de penser au présent sans penser au passé, because the past glows .
Dans le bon vieux temps, avant la globalisation du cappuccino, du sushi et de la rucola. Avant que le poivron rouge n'épice nos salades. Avant que l'aventure ne devienne un sport et la nature un "spot". Dans le bon vieux temps, quand le métro parisien sentait encore la cigarette et que les lofts étaient exclusivement réservés à l'élite New-Yorkaise. Avant que les ceintures de sécurité n'émettent un bip quand elles n'étaient pas bouclées et quand les espions venaient encore du froid. Avant que les conversations au téléphone portable ne soient interdites dans les trains. Avant que le googling devienne un trait du comportement humain. Avant que de vieux amis ne meurent d'un virus. Dans le bon vieux temps, quand une personne sur deux n'était pas un héros, quand une personne sur trois n'était pas une victime, quand une personne sur quatre n'était pas stressée. Avant que notre identité soit mise en ligne. Avant que les numéros verts soient délocalisés et que vous deviiez appeler l'Afrique ou l'Inde pour résoudre vos problèmes domestiques. Avant qu'existe le concept de guerre préventive. Avant que nous n'imaginions qu'il puisse y avoir des milliardaires à Moscou. Avant que le beach-volley o u le snow-board ne deviennent des sports olympiques. Avant la cuisine fusion et avant que l'on n'utilise l'azote liquide pour confectionner des crèmes glacées instantanées. Avant que l'on puisse se faire servir un expresso aussi bien à Hambourg qu'à Milwaukee. Quand la nourriture Thaïlandaise était exotique et que le cholestérol était un mot étrange réservé au Scrabble. Dans le bon vieux temps, quand on marchait sur la Lune et que Londres était recouverte de neige durant des semaines à Noël.
Une époque où on ne disait pas que les choses étaient bizarres, mais étranges, et elles étaient alors vraiment étranges, une sorte d'étrangeté à la David Lynch. En ces temps déconnectés, d'avant les mobiles Blackberry et Pocket PC . Avant que la messagerie vocale ne devienne un interlocuteur naturel dans votre vie. Avant le premier rôle de Smeagol dans Gollum. Avant l'euro et avant la construction d'un mur en Israël. Avant que démocratie et marché libre ne deviennent l'unique perspective. Quand la Nouvelle-Zélande n'était pas encore connue comme le décor du Seigneur des anneaux . Avant que les gens n'utilisent le mot " comme " pour faire des comparaisons avec tout et n'importe quoi. Avant que l'âne de Shrek ait perdu le sens des métaphores. Quand on pouvait encore fumer dans les bars de New York et de Los Angeles. Avant la dynastie Bush. Quand Schwarzenegger était Terminator et non gouverneur de Californie. Avant les lPods , EBay, Viagra et les correcteurs orthographiques. Avant que les architectes occidentaux ne fassent la queue pour construire des tours en Chine. Avant que les gens ne se mettent à commander des salades bio chez McDonald's. Avant que la musique ne soit que la bande son de nos existences. Avant que nous n'envisagions le monde comme une réserve de matières premières, et que le mot " arbre " ne soit plus que le synonyme de bois
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