lundi 2 juillet 2007

LOUIS VUITTON été 2008





élargir la notion sociologique de tendance à celle de climat, quand le climat lui même semble admettre une tendance propre

L’hymne au bleu qui ouvre la collection de Louis Vuitton donne le ton : la saison déploie tous les talents de coloriste du studio « homme » de Marc Jacobs. Après une collection féminine dédiée à Vermeer, on retrouve ici les effets picturaux qui s’y déployaient. Ils transforment le défilé en une succession de tableaux abstraits, chaque silhouette monochrome donnant une touche à la toile globale. Les premiers passages déclinent le bleu acier sur des nuances mates, des sandales au pantalon de coton, du pull fin à la casquette. Les tonalités suivantes forment une fresque mouvante, avec séquences de noirs, blancs, grège, moutarde, ivoire, moka, mastic, brique, jusqu’aux irisés or ou nacre et même aux effets hologramme. Le vestiaire fait preuve d’une sobriété efficace. Les basiques d’été confortables et minimalistes prolifèrent : pantalons étroits, taille basse ceinturés, chemises amples ou cravatées, gilet sans manches, vestes à petits revers ou amples et sans col. Leur simplicité est contredite par les proportions - savamment perturbées – et les coupes innovantes. Baptisé « Moon Beach », le défilé ouvre plusieurs degrés de lecture, révélant peu à peu toute sa sophistication. C.S.

Vogue (29 juin 2007)

"l'utopie a probablement été échangée contre l'illusion - même l'anti-utopie punk a été échangée non-pas contre sa reconstitution historique mais contre ses seuls oripeaux. L'avant-dernière grande utopie politique (celle des golden boys et de Wall Street, celle du capitalisme comme eden absolu) échoue sur le catwalk de Marc Jacobs comme un vague souvenir, comme une image: que dire alors de la dernière, qui fera de l'altermondialisme le sujet d'une exposition (d'un défilé) où se presseront les foules invariablement abonnées à Télérama, coalgulées dans les stupides nuits blanches de la Mairie de Paris, agglutinés devant les concerts annulés (pour cause de surpopulation) de Lille 2004 et qui, le week end, mixent un peu sur leur laptop, font un peu d'art pour le Palais de Tokyo et en informent les rédactions affamées des bulletins de la distinction?

Quiconque veut faire oeuvre aujourd'hui est aux prises avec une population de magiciens. Comment imprimer au-delà de la rétine une population qui a fait de l'illusion son crédo, son projet, son habitat, sa coquille, son biotope?

"I shop, therefore I am " ; "Protect me from what I want" ; "we don't need another heroe" : Barbara Krüger a joliment dénoncé tout ça pendant trende ans - aujourd'hui elle design les soldes chez Selfriges, et avec les mêmes slogans - "I shop, therefore I am "Buy me, I'll change your life" ... Fatalement, lorsqu'on retrousse son gant, on est plus près de la chair - celle de la bête tuée."

E.T.

Aucun commentaire: