jeudi 17 juillet 2008

Blossoming gap, 2003


©R&E Bouroullec

Andrea Branzi, Faible et diffus, extrait du catalogue de l’exposition blossoming gap , Rendel & Spitz gallery, Germany, 2003

Le XXIe siècle démarre lentement, sans plans d’ensemble ni modèle spécifiques de développement. Après le XXe siècle, longue période de transformations violentes, et de révolutions provoquées par la mécanique et sa quête de symboles forts et de solutions définitives, une nouvelle aire commence, marquée par une attente sans fin et un progrès sans le moindre but.
Laissons derrière nous les citadelles imprenables de l’ancienne modernité pour commencer plutôt par utiliser des processus cognitifs interactifs et par provoquer des transformations environnementales tant réversibles que silencieuses. Notre modernité est une modernité nouvelle, capable de transformer les énergies faibles et diffuses de la nature. Loin d’engendrer le tumulte de la mécanique, ces énergies, à l’image des étoiles et des planètes, peuvent soulever les océans du monde, chaque nuit, sans produire le moindre bruit.

Le concept de « faiblesse » auquel nous faisons référence n’évoque pas l’idée de faille. Il suggère au contraire de nouvelles formes de perception et de transformation du monde, suivant des processus diffus, des stratégies réversibles, des domaines transversaux et une logique « vague » plutôt que géométrique. Il suggère les vertus de la modestie et de la prudence contenue dans tous ces modèles imparfaits et incomplets qui suivent des stratégies élastiques et peuvent, par conséquent, saisir la nouveauté et faire face à l’imprévu et à la complexité qui peut en résulter.

Ainsi, une modernité nouvelle voit le jour, plus proche de la nature et des innovations constantes que celle-ci génère. Elle suit les énergies climatiques, génétiques et géologiques de l’agriculture, et peut produire des fleurs en série, jardins évocateurs où la technologie atteint l’apogée de sa performance esthétique.

Zygmunt Bauman nous parle d’une « modernité liquide » (« liquid modernity ») qui ne possède pas de forme propre, mais tient à suivre un flux de temporel de transformations. Cette modernité devient son seul juge, poursuivant sa propre modernisation. Elle génère des paradigmes où la liberté individuelle et les processus de liquéfaction du système général coïncident.

Cette coïncidence ultime du sujet et du système, de l’individu et de la société, amène une nouvelle définition de la métropole comme vaste gisement génétique : une réalité urbaine où l’architecture n’établit rien d’autre qu’un faible système conjonctif lié à un entassement de présence humaine, de relations, d’intérêts et d’échanges qui remplissent totalement l’espace.

Par conséquent, la métropole de l’âge informatisé n’est pas tant un capital technologique qu’un territoire humain, fort de sa pleine capacité à associer son A.D.N. à celui d’autres au sein d’une économie d’échange et d’un commerce d’expansion. L’énergie profonde et légère d’un arbre nourrit toutes les technologies, tant esthétiques que structurelles, d’une nouvelle architecture.

Lien, R&E Bouroullec

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