jeudi 3 mai 2007

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REFERENCES
Le dossier « Villes hollandaises » de la revue d’A #163 du mois d’avril 07, présente 3 projets urbains et architecturaux dans 3 villes aux Pays Bas, Hoogvielt, Leidsche Rijn, et Almere. Ces trois projets ont en commun un urbanisme de la négociation, intervenant dans un contexte de villes nouvelles construites pendant l’Etat providence. Le projet d’Orgware de Maxwan, le Wimby de Crimson, et Block One de Portzamparc proposent des réponses à la fois ultra déterminées et très souples.

ECHELLES PROGRAMMATIQUES
Le site bordelais sélectionné par Europan annonce une situation urbaine habituelle du concours, avec une friche ferroviaire (anciennement rattachée au bassin à flots), une autoroute urbaine, et la présence du tramway. Le programme est également caractéristique d’Europan, 300 à 500 logements collectifs et un « espace culturel fédérateur» sur 7,2 ha, soit environ 70 logements à l’hectare. Si l’on compare des échelles de densité, le projet de Tania CONCKO en compte 140 et celui de Thibaud BABLED a Montreuil en offre 90.

COMPROMISSION
L’attention que porte la ville de Bordeaux à son urbanisme, avec le soutien des deux organes de communication et de commercialisation puissants que sont Arc en Rêve et la Maison de l’Architecture, a engendré un urbanisme bienveillant, consensuel, et sporadiquement innovant. Le quartier des Chartrons joue entre réhabilitation des anciens chais et insertion dans les dents creuses d’un habitat individuel en bande de 2 à 3 étages. Le quartier Saint Michel est marqué par une politique forte de droit de préemption, alternant rénovations légères pour les offices de logements sociaux, et réhabilitations lourdes des promoteurs privés séduits par les programmes de défiscalisation (loi Malraux). Sur la rive droite, plusieurs interventions neuves de R+4 à R+6 accompagnent la Garonne de part et d’autre du jardin Botanique de Catherine Mosbach. A l’extérieur des limites administratives de Bordeaux, dans les communes limitrophes, la priorité va à l’individuel groupé, avec en arrière fond, l’icône de la maison individuelle. Les deux opérations de promotions co-présentées par Arc en Rêve de La Grenouillère et de Floirac avec la présence d’architectes locaux de qualité, affirment encore l’omnipotence d’un choix de maisons individuelles groupées (forte d’un grand succès). Seule énigme dans une offre architecturale victime de son succès, la barre des 440 logements de XdG. La localisation du projet sur la commune de Bègles semble un début de réponse.

L’ensemble de ces micro-interventions, unies entre elles par cette même fascination pour la mise en avant de l’individu et d’un modèle presque exclusif de maisons individuelles groupées, trouve ses limites dans un urbanisme en tension entre un idéal néo-haussmannien et la réalité suburbaine des grappes de lotissements et de zones commerciales. Le projet de Christian DEVILLERS tente de réaligner, d’ordonnancer, de clarifier à travers un langage sophistiqué d’essences, de volumes et de trames, la hiérarchie des voies de la ville. Il reconstruit des gabarits a posteriori.

Le caractère très bienveillant présent dans l’habitat ancre simultanément ces différentes opérations dans un succès populaire et bourgeois sans précédent ; une amorce de dialogue s’instaure entre l’architecte et l’habitant. La production qui en naît s’installe comme une architecture de « bon goût », à la manière des Case Study House de la Côte Ouest Américaine. Elle franchit les revues spécialisées pour arriver dans la presse généraliste et jusque dans l’écran de télévision, au détour d’un journal télévisé de la mi-journée, d’une émission éducative sur les maisons « exceptionnelles », ou comme exemple réussi d’une politique du logement pour le ministère sur une émission du service public.

INCONFORT
Cette architecture bordelaise, reconnue pour ses qualités, et acceptée par les promoteurs, les institutions et les habitants Bordelais, tend à s’embourgeoiser, à se reclure dans un mécanisme programmatique, à réutiliser les recettes d’un habitat « tendance », avec en toile de fond LA référence : le Loft. On observe une multiplication des duplex, parfois triplex, avec le garage ou la place de stationnement à proximité, un grand espace ouvert de jour (cuisine, salon, repas, bibliothèque), et un espace nuit, avec une suite parentale (dressing, bain, et chambre), et deux chambres enfant, de 9 à 10 m² environ. Pour des questions de ventilation, les logements sont traversants, largement vitrés, avec un grand balcon, une cour, ou un carré de jardin en guise de prolongement extérieur.
Les plans sont vendus ou loués avec le dessin d’un aménagement en filigrane, coupant toute possibilité d’adaptation. L’exposition Voisins Voisines présentait 8 projets de nouveaux quartiers d’habitat. Parmi les projets, les 2 opérations bordelaises étaient étouffées par les 5 projets de la cité Manifeste (Mulhouse), où le travail de recherche sur l’habitat a permis de produire des projet uniques, innovants, et ouverts.
Le projet de Lacaton et Vassal dilate l’espace, le libère des proportions imposées par les normes d’habitat, contournent les impératifs des DTU, des avis du CSTB, réinvente un espace où les canalisations sont apparentes, le béton brut, les bandes des plaques de plâtre visibles, les peintures inexistantes et où l’escalier provient d’un système industrialisé en acier galvanisé. Les portes sont réduites au minimum. Les plans de l’agence laissent flotter les meubles en pointillés qui jouent plus un rôle d’échelle graphique que de proposition d’aménagement.
En somme, l’agence crée un inconfort pour proposer un renouvellement du quotidien. Le projet de Duncan Lewis sort de l’image lisse et achevée de la maison, par l’utilisation de l’ossature métallique qui enveloppe le volume bâti et sert de tuteur à une végétation grimpante. Le projet accepte la façade inachevée sur laquelle ressort essentiellement l’acier galvanisé, et qui crée un inconfort visuel que les locataires contournent en l’habillant temporairement.
L’expérience de Mulhouse domine celles de Bordeaux et de Rèze (44) par cet inconfort volontaire, une instabilité programmatique généreuse, que l’on trouvait déjà dans le projet Latapie de Lacaton & Vassal à Bègles.

VACANCES
La question de l’inconfort comme renouvellement du quotidien est un élément fondamental de la maison de vacances. Les projets de Raphaëlle Hondelatte et Lacaton & Vassal sur le bassin d’Arcachon obligent l’esprit à réinventer sans cesse des astuces et des modes d’habiter différents selon les saisons, le nombre d’hôtes. Cette architecture du temps libre alimente le fantasme de l’habitat bordelais, situé à moins de 60 kilomètres.
Le rêve bordelais tient en trois notions : une maison dans les pins, (de préférence au Cap Ferret, une jetée et une plage aux pieds de la maison, et un bateau au fond de la jetée).

LE BASSIN DE BORDEAUX
Le succès de cette forme d’habitat détient le potentiel d’un succès bourgeois et populaire. Le site de Bordeaux Lac, condamné à ne rester qu’une vaste zone indéterminée, ceinturée par une double rangée d’arbres et une piste cyclable, ne permet pas d’implanter ce qui pourrait devenir le bassin de Bordeaux.

Imaginez un endroit, où depuis chez vous, vous puissiez rejoindre votre zodiac ou votre canot, vous laisser glisser jusqu’à la Garonne, et vous descendez le fleuve jusqu’à l’estuaire. Vous me direz que ce projet existe déjà et qu’il s’appelle Port Leucate. Sauf que dans le cas de ce dernier, nous avons des logements très confortables. Je propose d’inventer une projection du fantasme du bassin d’Arcachon, avec sa dimension d’inconfort architectural et urbain : le Bassin de Bordeaux .


FRED 130407
bonsoir à tous,

je vous avais envoyé un long mail pour vous présenter mon analyse en retour du mail d'anthony pour la future session d'Europan. Or, il semble que ce mail ne vous soit jamais parvenu, et de mon côté, Hotmail ne conserve pas en mémoire les mails envoyés.Je vous ferai donc une synthèse.

Parmi les sites français, mes trois préférés sont dans l'ordre Clermont, Bordeaux et Mulhouse pour les thèmes abordés, le caractère inédit (pour moi tout du moins) des sites. Or, deux inconvénients rendent les sites de Mulhouse et Clermont stratégiquement peu pertinents. Le programme demande de composer avec l'existant (bâtiments classé sur le site de l'hôtel dieu et barres à conserver conformément à la demande du MO de l'OPAC de Mulhouse). Le maintien de ces bâtiments induit un diagnostic précis, avec l'intégration de ces objets architecturaux dans le projet, et nous savons à quel point cela peut être long. Le deuxième obstacle, corrolaire du premier, concerne les programmes. Mulhouse demande de conserve le caractère résidentiel du site, de proposer une surdensification, et de nouvelles propositions d'aménagement des logements existants. Je traduis : réhabilitation. POur Clermont, le programme, plus mixte, souhaite reconvertir les bâtiments de l'hôtel dieu en logements, services, lieux d'activités culturelles, etc... le tout dans un programme très ambitieux. Mais là encore, un tel projet nécessite une analyse fine du site, de ces bâtiments, et nous n'en aurons pas le temps.

C'est pour cela que le site de Bordeaux me plaît. Posé sur une friche ferroviaire, à proximité immédiate de Bordeaux Lac (grand ensemble servant d'horizon Est à la ville de Bordeaux), et à la rencontre de la rocade, de l'autoroute, des bassins à flots, et du haut lieu tourisitique hivernal du lac, ce site est suburbain, complètement déconnecté de la ville. Surtout, il permet de ne pas perdre de temps dans une analyse d'un "patrimoine" immobilier. Ce site est frais, et même s'il a tout d'un site europan (convergence de mobilités t friches), il n'en demeure pas moins intéressant. Donc, mon choix se porte plutôt sur celui-ci.

D'un point de vue de la méthode, l'idée de plateforme proposée par Tony est tout à fait convaincante. Je propose que tu finisses de la définir et qu'on la valide avant qu'Erwan ne parte en Inde. Pour la semaine de workshop, je propose au mois de juin. Pour le lieu, je dispose ici d'une imprimante A3, de 2 ordinateurs superpuissants, d'une imprimante A4, de place pour travailler et dormir, et du traceur de l'agence (qui est le modèle juste au dessus de celui qu'on avait pour le précédent Europan).

Merci de me donner vos réponses avant lundi.

bisous.



ERWAN 150407
Bonjours les amis,

Je me rend compte que je pars vendredi matin pour l'inde. Donc du 20avril au 25mai.
Apparemment, nous nous ne croiseront probablement pas tony et moi…il me semble qu'une réunion MSM ou chat sur Gmail est indispensable pour lancer la machine. La plateforme de tony me semble très bien comme outil de travail.
Pendant mon voyage,je pense pouvoir me connecter assez régulièrement à internet mais je doute que les internet cafés indiens aient autocad...
Sinon,Je pourrais me connecter peut être demain soir, mardi aprem et soir sûr et jeudi soir en étant monté à paris entre temps. On se tient au courant pour les disponibilités de chacun.
Quand aux sites, je trouve que les français et bcp d'autres sont globalement trop petits (entre 4 et 8 ha), ils nécessitent sans doute une réponse très contextuelle donc précise en terme de dessin. Avons-nous le temps ? un grand site ne nous avantagerait-il pas ? J'ai une petite préférence pr les sites italiens. la plupart font 30-40ha

Biz à tous

TONY 150407

« Stratégies »
Nous devons profiter des conditions dans lesquels nous devons faire europan. Peu de temps pour dessiner, et plus pour discuter. C'est à dire s'intéresser précisément ( comme un dessin peut l'être) à la stratégie de projet. Je pense à la façon dont le groupe Crimson travaille. Leur travail répond toujours précisément à des situations et problématiques existantes. Cela ne veut pas dire que nous ne dessinerons pas, mais que les traits que nous tracerons seront essentiels.
Je propose que nous choisissons un site qui soit porteur d’une stratégie à mener. J’aime bien celui de Clermont. Et nous connaissons cette ville.


//www.crimsonweb.org/

FRED 150407

Erwan a raison, les sites sont globalement petits, ce qui confirme le souhait avoué d'Europan de s'ancrer encore plus vers un concours d'idée oprationnel. Les sites italiens me plaisent beaucoup, tous comme ceux des vallons suisses. Mais il ne faut pas s'égarer, nous n'avons pas vraiment le temps de la traduction ; je rappelle que la finalisation du projet et des panneaux ne peut pas prendre plus d'une semaine. J'insiste sur le fait de rester sur un site français.

Après, comme je vous le disais dans le précédent mail, et qui rejoint les propos d'Erwan, beacoup des sites s'inscrivent dans une démarche plus architecturale qu'urbaine , avec une nécessité de diagnostique précis et une proposition architecturale détaillée. Clermont, Mulhouse, Saint Etienne, demandent cela. Le havre et reims dans une moindre mesure. Reste Bordeaux, pour laquelle la ville dispose de suffisamment d'architectes de qualité pour offrir des réponses architecturales, et qui recentre donc la demande sur un projet urbain. Dans une ville du surdéterminisme architectural et urbain (de l'urbanisme de Louis XIV à celui de Devillers), il y a moyen d'amener une réponse fraîche, et urbaine.

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